Controverse
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2010, Banlieu d'Ottawa, Canada. Un centre de recherche en parapsychologie est créer, mais pas tous les sujets sont d'accord pour être ici... Place à cette science tant controversée! Yaoi/Yuri/Hentaï NC-15!
 
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 Il était une fois...

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Mina
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MessageSujet: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeJeu 6 Mai - 10:35

    Confortablement assise dans la salle de repos, je regardais le terrain de basketball avec envie. Quelques jeunes sujets y jouaient sans se fier aux règlements de bases, se contentant de s'échanger le ballon et de tirer, histoire de profiter du beau soleil de fin de printemps. Et moi... Vu ma température, il valait mieux que je reste à l'intérieur à me reposer.

    Mais j'en ai marre, de me reposer. Toujours me reposer, encore et encore. Ce que je donnerais pas pour être en forme de nouveau, pour seulement une journée! Découragée, je fixai mon regard vers les murs autour de moi. Je ne voulais plus regarder dehors. Je voulais arrêter de me morfondre sur moi-même et mon triste sort. Après tout, il n'y a rien que je puisse faire pour changer ma situation!

    Déterminée à me désennuyer, je pris le petit carnet que j'avais préalablement posé sur le coin du bureau, juste à côté de mon fauteuil. J'y avais même accroché un crayon, histoire de ne pas avoir à me lever pour en chercher un. J'ouvris mon cahier, et tournai rapidement les premières pages. Sur la page un se trouvait un résumé de l'histoire, et sur les 16 autres pages se trouvaient la description de mes personnages, à raison de 2 pages par perso. Puis, il y avait la page de la chronologie, et le plan des 37 chapitres et des 4 épilogues.

    J'étais rendu à le commencer, ce livre. J'étais rendu à écrire les éternels mots: il était une fois. Ce que je fis, dans le haut de la 23ème pages. Et après... Plus rien. J'avais beau savoir déjà tout ce qu'il allait se passer dans mon livre, je bloquais dès la première ligne. Comment est-ce que je devais commencer?

    À bout de nerf, j'effaçai le il était une fois. C'était trop classique, trop normal. Mon livre n'était pas normal, ni même classique. Mais effacer la phrase ne m'aidait en rien. À force de réfléchir, ma tête commença à me faire mal. Je paris même que ma fièvre a du s'empirer, un peu. Tout ça pour une bête phrase de commencement...
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MessageSujet: Re: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeDim 9 Mai - 7:18

Il faisait beau, dehors. Très beau même. Ne pas en profiter semblait stupide, surtout après une journée passée à être enfermé dans des bâtiments sinistres. C'était cependant le cas d'Arcady, qui s'était fixé comme priorité d'inspecter les lieux dans leur intégralité, et non d'aller s'amuser entre quatre murs barbelés. Si tant est qu'on puisse s'amuser dans un espace si soigneusement délimité.
Tout en remarquant une accointance supplémentaire entre le centre et un établissement pénitentiaire, le blond poussa la porte de la salle de repos. Et cligna des yeux, décontenancé. Ayant lu "salle de repos", il s'était attendu à voir une rangée de lits d'hôpital contre des murs blancs, avec peut-être quelques rideaux tirés. Pas à buter contre un billard, ni à se trouver nez à écran avec une télévision. Une télévision ? Miracle ! Un rappel de la civilisation ! Se laissant tomber sur l'un des divans qui parsemaient la pièce, Arcady fit un geste pour attraper la télécommande, puis se ravisa. Et si les chaînes étaient censurées, comme en Chine ? Ou s'il s'agissait de donner aux résidents l'illusion de la liberté, comme dans cette cour de récréation qui ne trompait personne ? Devrait-il alors faire preuve d'intransigeance et refuser une évasion cathodique ?
Soupirant à fendre l'âme devant un tel dilemne, le garçon s'avachit un peu plus dans le canapé, ne remuant plus que les yeux. Hormis une fille sur un fauteuil non loin de la fenêtre, la pièce était vide. Il en mémorisa rapidement la topographie -pas de sortie secrète ou de décochement bizarre, malheureusement- avant de tourner son attention vers l'autre être vivant qui boudait probablement le soleil pour pouvoir écrire ou dessiner en paix -quelque chose qu'Arcady aurait toujours du mal à comprendre. Enfin, il le supposait au vu du carnet qu'elle tenait dans ses mains. Mais comme il ne pouvait en être certain -elle dressait peut-être en réalité un plan secret pour renverser le directeur du centre- mieux valait demander.
_ Hey, qu'est-ce que tu fais ? Tu profites pas du beau temps ?
Etant donné la pâleur de son teint, qu'une endive n'aurait pas renié, ça ne devait pas être son activité favorite. Ou alors, elle trainait un énorme rhume, depuis quelques mois. À moins qu'elle ne soit albinos ? Non, elle avait les cheveux blond-gris, pas blancs. Et ses iris ne manquaient de mélanine, bien au contraire, ils avaient une très jolie couleur noisette, qui la faisait ressembler à un petit écureuil fragile. L'idée le fit sourire.
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MessageSujet: Re: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeDim 9 Mai - 8:30

    Il faut bien croire que ce n'est pas aujourd'hui que j'avancerai véritablement dans l'écriture de mon histoire. Je n'avais toujours pas trouvé comment commencer, quand tout à coup un autre sujet que je n'avais encore jamais vu entra dans la pièce. Moi qui croyait que tout le monde était sortit dehors... Je n'arriverai jamais à écrire s'il y a quelqu'un dans la même pièce que moi! Quoique même seule, aujourd'hui j'arrive pas à écrire, alors ce n'est pas vraiment très grave...

    J'essayai de me concentrer de nouveau sur mon écriture, mais mon attention revenait toujours sur l'autre. C'était un jeune garçon, environ de l'âge de Lilix. Peut-être qu'ils pourraient devenir amis, ses deux-là. Ah, mais Lilix devait être encore occupé à trouver des plans pour s'échapper...

    Perdue dans mes réflexions sur ma petite soeur, je ne m'attendais pas à ce que le jeune garçon s'adresse à moi. En partant avec un hey plutôt impoli, en plus. Je ne pus m'empêcher de sourire, puisque ces temps-ci, rares sont les sujets à être vraiment bavards. Tous préfèrent rester seuls dans leur coin, ignorant les autres et restant profondément enfoncé dans leurs malheurs.


    -J'aimerais bien profiter du soleil, mais... Je vais attendre que la fièvre s'en aille. Je ne ferais pas deux pas dehors que je m'effondrerais, comme d'habitude, j'imagine. Et toi? Dépenser un peu d'énergie physique faire toujours du bien, tu n'y va pas?

    J'eus un faible sourire, avant de détourner le regard pour me concentrer de nouveau sur mon carnet.

    -Dis euh... Tu sais comment débuter un livre par une autre phrase qu'il était une fois? J'arrive pas à trouver une phrase intéressante!

    J'allais sans doute l'ennuyer avec ça... Trop tard, j'avais déjà parler sans même m'en rendre compte. Il avait l'air du type bavard, il ne m'en voudra pas, non?
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MessageSujet: Re: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeDim 9 Mai - 9:56

-J'aimerais bien profiter du soleil, mais... Je vais attendre que la fièvre s'en aille. Je ne ferais pas deux pas dehors que je m'effondrerais, comme d'habitude, j'imagine. Et toi ? Dépenser un peu d'énergie physique faire toujours du bien, tu n'y va pas ?
En entendant la jeune fille lui répondre, le sourire d'Arcady s'effaça. Il n'avait pas pensé qu'elle puisse être réellement malade, et même si elle n'avait pas l'air de lui en tenir rigueur, il se sentit très bête. Confronter quelqu'un à sa maladie, en insistant bien sur ce qu'il ou elle ne pouvait pas faire, c'était tout ce qu'il s'était juré d'éviter à chaque fois que sa mère ressortait de l'hôpital, et voilà qu'il réussissait à gaffer magistralement face à une inconnue ! Se mordant les lèvres d'agacement, il chercha une manière de s'excuser qui n'enfoncerait pas plus le clou, et n'en trouva aucune. De plus en plus contrariant.
_ L'extérieur, c'est vite vu, fit-il remarquer en reprenant un visage avenant, pour ne pas aggraver son cas. Mais je n'ai pas encore visité toutes les salles des bâtiments...
Il décida de ne pas ajouter qu'il espérait trouver une voie de sortie en mémorisant le plan des étages, d'une part parce qu'il n'y croyait pas tellement, et d'autres parts parce que... Si son état était si grave qu'il l'empêchait de sortir, quelle importance qu'il trouve ou non un moyen de s'évader ? Mentionner ses espoirs serait encore plus cruel que tout le reste. Alors le garçon s'enfonça un peu plus dans son divan, tourna la tête de manière à ce qu'elle ne puisse pas voir sa mine sombre, et ne se sente donc pas visée, et avança la main vers la télécommande. Puis la rétracta. Puis l'avança à nouveau, mais sans la saisir. Subitement, l'envie de continuer son exploration lui était passée. Mais l'envie de se faire lobotomiser le cerveau quelques temps ne lui paraissait pas plus attrayante...
Ce fut la voix de la fille qui le sauva. Un peu hésitante, mais à sa place, il ne se serait même pas adressé la parole. Ou alors, pour se répliquer quelque chose de désagréable, histoire de se blesser autant qu'il s'était lui-même blessé ? Oh, cette histoire tournait à la prise de tête. D'ailleurs, depuis quand était-il capable de se dédoubler ? "Tu ne te dédoubles pas, t'essaie de faire preuve d'empatie, crétin" se morigéna-t-il sans conviction. Son pouvoir était sensé lui procurer des facilités de contact avec les autres, lui avait-on expliqué. Mais il ne voyait pas trop en quoi utiliser la mémoire visuelle des autres pour obtenir ce qu'il cherchait facilitait le contact. Ca risquait plutôt de rendre les gens furieux...
_ Ah, t'écris un livre ? répartit-il de manière automatique, puisque la partie analytique de son cerveau était manifestement occupée ailleurs.
Il se retourna à genoux sur son siège pour mieux observer son interlocutrice, tout en battant le rappel de ses synapses et de ses faibles connaissances littéraires. Oh, il savait lire bien entendu, mais arrivait difficilement à se concentrer assez longtemps sur le propos d'un auteur pour apprécier sa prose. À moins que ce dernier soit également un adepte des digressions, ou de l'écriture "à sauts et à gambades" de Montaigne. Ouais, il aimait bien Montaigne. Mais ça ne résolvait pas le problème.
_ Ben, ça dépend de ton genre d'histoire, non ? Si t'as un narrateur très présent, ou si t'essaies d'être, euh, objectif, enfin, objective. Tu peux commencer par une autre histoire, ou alors tutoyer direct ton lecteur...
Se levant finalement de son divan, il s'approcha de la jeune fille pour se réinstaller sur un fauteuil plus proche. Levant une figure curieuse vers cette dernière, il tenta d'en savoir plus.
_ Ca parle de quoi en fait ?
Quoi ? ce n'était pas parce qu'il ne lisait pas, qu'il n'aimait pas qu'on lui raconte des histoires... Oui, quatre ans d'âge mental, il savait...
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MessageSujet: Re: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeDim 9 Mai - 12:44

Normal que je ne l'ai jamais vu alors, il devait être un nouveau pour ne pas encore avoir vu toutes les salles de l'établissement. Parce que, comme l'extérieur, l'intérieur est vite vu aussi. Mais on se fait au confinement, et à la fin, ce n'est pas si désagréable. Enfin, quand on est une fille comme moi. Pour ceux qui ont besoin de se dépenser dans plus d'exercice physique ou qui ont besoin d'espace, alors là je ne peux pas dire grand chose. J'imagine qu'on doit finir par s'ennuyer, dans ce cas.

Quand je lui posai la question sur mon livre, sur le coup je ne m'attendais pas à ce qu'il me réponde. Après tout, ce n'est qu'une petite partie de la population qui aime lire, et une plus petite partie qui aime écrire. Et la majorité de ceux-là sont des adultes qui n'ont rien d'autres à faire que de s'ennuyer à lire des bouts de papier. Eh oui, comment nous, la jeune population, pouvons-nous apprécier la lecture si nos professeurs nous obligent à lire des livres ennuyants? Enfin, c'est ce que doit penser les jeunes de mon âge. Alors que moi... Enfin, je devais me trouver d'autres occupations!

Il finit par me répondre, par une simple question. Une question qui ne semblait pas vraiment curieuse en fait. Ça y est, j'avais déjà réussi à l'emmerder. Mais pourquoi j'avais laissé sortir les mots avant de les penser, moi? Heureusement, il continua, et il me sembla un peu plus intéressé. Je n'avais pas vraiment réfléchi aux questions qu'il me posait...


-Eh bien... Je n'avais pas encore réfléchi à ça. J'écris habituellement en narrateur présent, mais je voulais écrire en omniscient, cette fois. Quoique j'imagine que le narrateur sera aussi sarcastique qu'à mon habitude, donc qu'il sera tout de même un peu présent...

Et voilà que je m'embrouillais encore! Eh ben, faut dire qu'aujourd'hui j'arrive pas à être très clair! Je peux mettre ça sur le compte de la fièvre?

Le jeune garçon était maintenant à côté de moi, l'air vraiment curieux. Je ne pus m'empêcher de rougir. S'intéressait-il vraiment à mon histoire, ou alors... je sais pas! Enfin, il m'avait demandé de quoi elle parlait, je ne pouvais pas ne pas lui répondre, non?

Un peu gênée de parler ainsi de mon idée générale, je détournai la tête.


-Mon histoire se passe dans le futur proche. Une nouvelle technologie à été découverte. En fait, ce que sait la population, c'est qu'un livre à été découvert, dans lequel il est marqué la date de mort de chaque personne au monde. Alors, dès leur naissance, leur date de mort est tatoué à l'intérieur de leur poignet, et tous vivent en sachant exactement quand tout ça va se terminer. Mais... une de mes persos principales est toujours vivante la journée suivante celle de sa mort. C'est un peu un livre philosophique qui tourne autour de la recherche de l'immortalité et tout ça...


Est-ce que j'avais réussi à être clair? Mon histoire était si complexe... Je n'avais parlé que de la trame de fond, je n'avais pas parlé de la guilde des assassins, ni de la mort elle-même qui serait morte, ni des 7 autres personnages et des nombreux triangles amoureux que je m'étais amusé à imaginer... Mais je ne pouvais pas révéler tous les punchs non plus, non?

(Note hrp: Le thème de ce livre mentionné ci dessus est sous copyright, je vous interdis de la copier ou de vous en inspirer! Tout ce qui est mentionné sur le livre est vrai, sauf que j'en suis l'auteur et que je ne suis plus rendu qu'à la première ligne Razz)
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MessageSujet: Re: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeJeu 13 Mai - 12:43

Légèrement étonné à l'idée que la frêle jeune fille en face de lui puisse être un écrivain sarcastique -son amabilité la desservait- Arcady l'écouta lui parler de son futur livre, les genoux sagement remontés contre son torse. Elle maîtrisait en tout cas, et le garçon voyait difficilement comment il pourrait l'assister. Il n'était pas romancier. Il n'était pas critique littéraire. Il lisait à peine, seulement lorsque son environnement immédiat gardait moins d'intérêt que la première fiction venue -ou si l'univers entier lui déplaisait, et dans ce cas la lecture ne lui apportait pas plus d'effets positifs que la télévision. Moins sans doute, puisqu'il gâchait ses capacités de réflexion et une histoire potentiellement intéressante à ressasser ses griefs. Ainsi, il n'avait jamais pu lire chez sa grand-mère. Même enfermé dans sa chambre pour les 3 jours à venir. Car savoir qu'en relevant les yeux de sa page, il tomberait sur la tapisserie à fleurs de l'ancienne chambre de sa mère, ou plutôt sur les déchirures qu'elle avait fait subir au papier peint lorsqu'elle avait son âge, le déprimait plus que de ne pas ouvrir l'ouvrage et de contempler fleurs et déchirure d'un oeil morne jusqu'à la prochaine sortie.
Mais s'il lisait peu, il aimait qu'on lui raconte des histoires, même à 14 ans passés, et écoutait donc attentivement l'exposé de sa camarade. Lorsqu'elle se tut, visiblement gênée, Arcady se retint de lui demander la suite avec de grands cris enthousiastes, ne souhaitant pas l'embarrasser davantage. Il se demandait si c'était sa maladie qui en la contraignant à plus de moment solitaires que la normale l'avait poussée à inventer une intrigue aussi élaborée, s'il le contexte était plutôt relatif au centre, ou si elle avait simplement des affinités avec l'écriture. D'ailleurs, il se posait la même question pour sa maladie -à savoir : "est-ce que c'était cet établissement bizarre qui lui avait injecté un sale virus ?" - mais c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas demander sous peine de battre son record d'impolitesse en une journée. Pourtant savoir à quoi il pouvait s'attendre -isolement forcé ou injections de bacilles divers- aurait pu lui être utile.
_ Le résumé de ton histoire... tu l'as commencé en parlant du livre, non ? Tu devrais peut-être commencer par ça... Il y a autre chose que des noms et des dates écrits dedans ?
Dit ainsi, ça lui faisait penser au carnet du dieu de la mort dans il-ne-savait-plus-quel-manga. Sauf que c'était le livre qui tuait les gens, ou plutôt son propriétaire, si sa mémoire était bonne. Alors que dans l'histoire qu'on venait de lui exposer, le livre n'avait pas l'air d'être responsable de grand chose dans l'affaire. Probablement pas même de ses erreurs, mais le garçon n'allait tout de même pas demander à l'écrivain en herbe de lui raconter le mot de la fin alors même qu'elle tentait de rédiger le début ! Un livre commençait souvent par une dédicace à la famille ou aux amis, il le savait, mais ce n'était certainement pas ce qu'un auteur rédigeait en premier. À moins qu'il ne rédige ses mémoires et qu'on l'ait chèrement payé, bien entendu. Parfois, il y avait aussi une citation en exergue, pour annoncer le ton général du livre ou pour rendre hommage à une source d'inspiration en lui donnant la parole, et Arcady trouvait que ça faisait un bon début, même s'il devait être difficile d'amorcer ensuite le récit. Or, c'était l'amorce que cherchait la demoiselle, une amorce différente du traditionnel "Il était une fois".
_ De la manière dont tu en parles, ça à l'air vraiment bien n'empêche. Tu me feras lire quand tu auras fini ? ajouta-t-il avec les yeux implorant de celui qui veut reprendre une part de tarte à la fin d'un repas d'anniversaire qui ne lui est pas destiné.
_ Comme je suis là pour un moment, je pense que tu l'auras fini avant que je sorte, expliqua-t-il en marmonnant dans une barbe inexistante.
Sauf s'il réussissait à s'échapper, évidemment, mais Arcady s'était promis de ne pas aborder le sujet devant cette fille, et il garda donc cette précision pour lui. Si jamais il quittait le centre avant elle, et qu'il ne pouvait pas lui transmettre une future adresse, pour d'évidentes raisons de sécurité apprises dans les films, il n'aurait qu'à attendre qu'un bouquin portant son nom apparaisse dans la vitrine des librairies. Mais ce scénario lui semblait de toutes manières un poil trop optimiste pour qu'il se réalise, et il ne prit pas la peine d'en approfondir les failles apparentes, entre autres qu'un organisme qui refusait de laisser passer les hommes hors de ses murs ne serait probablement pas plus clément avec un livre destiné à la publication. L'un ou l'autre pourrait mourir avant que cet évènement n'ait une chance d'arriver. Ou Arcady pourrait avoir la stupidité de rechercher un livre, alors qu'il ne connaissait ni le nom ni le pseudonyme de l'auteur. Dans le doute, il valait peut-être mieux se renseigner, non ?
_ Comment tu t'appelles au fait ? Il ne précisa pas qu'il voulait pouvoir la retrouver dans un rayonnage de premiers romans. Il n'était pas certain que faire étalage d'espoir soit bien vu, ici, où tout le monde préférait se morfondre dans son coin plutôt que d'organiser une grève générale pour autoriser des sorties, ou si cet objectif s'avérait vraiment irréalisable, changer le menu du réfectoire. L'union fait la force, disait-on, mais les pensionnaires n'avaient pas l'air de vouloir s'unir. Pourtant, ils jouaient bien au basket ensemble, non ? Le garçon soupira devant l'inaptitude de ses semblables à s'organiser politiquement.
_ Je m'appelle Arcady, conclut-il avec un regard noir vers la fenêtre. Dis, est-ce que tu penses qu'on pourrait créer un syndicat ?
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MessageSujet: Re: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeVen 14 Mai - 20:45

Je souris légèrement en le voyant m'écouter avec attention. Je n'ai jamais vraiment été très douée pour raconter des histoires. Les exposés oraux n'ont jamais été ma grande force non plus, bien que je ne crains pas vraiment de prendre la parole devant les autres. Seulement je suis trop faible, trop faible pour diriger et pour me faire entendre. Alors j'écris, ce qui m'a fait développé un talent considérable, je crois, même si je suis encore loin d'être assez douée pour qu'on s'intéresse à moi...

Toutefois, le voir s'intéresser à mon idée avait quelque chose d'agréable en soi. J'aimais m'imaginer que mon idée puisse être intéressante. Ses questions aussi, me motivaient. J'avais envie de lui répondre, de tout lui raconter mon histoire, s'il était prêt à l'entendre.


-En fait, le livre n'existe pas. J'utilise le fait que les médias modifient toujours la vérité, payer par les gouvernements, afin de garder la population dans l'ignorance. C'est exactement comme cet établissement, en fait. Le monde extérieur ne saura jamais ce qu'il se passe à l'intérieur, et bien dans mon livre, le monde entier ne saura jamais la véritable raison pour laquelle leur mort est prévue.


Je regardai vers le plafond, mais les yeux dans le vague. Je trouvais tellement la société injuste, mais je ne pouvais rien y faire. J'étais tellement faible que je ne pouvais qu'attendre, ou créer de petites vagues en espérant qu'elles deviennent tsunami grâce à l'effet papillon.


-Bien sûr que je te ferai lire, quand j'aurai fini!


Je mis ma main sur ma bouche, l'air un peu choquée. Par moi-même.

-Mais alors faut que j'arrête de tout te révéler ce qu'il s'y passe! Sinon tu vas connaître tous les punch! Version provisoire donc, nullement corrigé des fautes de grammaires, orthographes et syntaxes. La pire étape lorsqu'on écrit un livre.

C'est alors qu'il me demanda mon nom. Mais tiens, c'est vrai! Depuis un moment déjà qu'on se parlait et je ne connaissais même pas son nom! En plus, on faisait que parler de mon livre... Je n'étais pas en train de devenir égoïste là, si?

-Oh! excuse-moi. On m'appelle Mina ici. C'est plus court et plus jolie.

Et il se présenta, Arcady. Joli comme nom, je trouve!
Je ne pus m'empêcher de rire lorsqu'il parla de son syndicat, avant de le regarder cette fois avec un air un peu triste.


-Alors tu fais parti de ceux qui ne veulent pas rester ici? Bonne chance pour créer ton syndicat mais moi... Moi je me plais bien, ici. Si je devais faire partie d'une organisation ici, ce serait pour rassembler tout le monde afin d'améliorer nos conditions pour notre propre bonheur. Tout le monde est chacun dans son coin à ressasser leur liberté perdue, alors que personne ne voit les bienfaits que peut nous apporter le centre. Tu va peut-être me prendre pour une folle mais... Je me plais bien, ici. D'accord, la bouffe est mauvaise et la télé n'offre que quelques postes, dont seulement Radio-Canada qui marche parfaitement (le pire poste du monde, si tu veux mon avis...). D'ailleurs je comprends même pas pourquoi les scientifiques n'essaient pas d'améliorer nos conditions, eux aussi. Tu crois qu'ils ont une salle spécial avec une télé grand écran et un service de restaurant 5 étoile?

À force de rester tranquille, j'ai l'impression que ma fièvre diminue. Super. Mais je suis habituée, à ma santé étrange. parfois, je file bien, parfois, je file mal. Là, je file mieux. Pas encore assez pour aller dehors, toutefois...
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MessageSujet: Re: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeSam 15 Mai - 11:08

Les premiers mots de Mina en réponse à sa proposition syndicale plongèrent le garçon dans la stupeur. Comment avait-elle deviné ? Oh, bien sûr il n'avait sans doute pas été assez subtil pour masquer les barbelés qu'il avait dans le crâne. Et ses marmonnements précédents devaient être une indication suffisante sur son état d'esprit. Bon ok, il n'avait simplement pas été aussi discret qu'il l'aurait voulu pour préserver la tranquilité de son interlocutrice. Du coup, elle semblait peinée, et Arcady culpabilisait. Que c'était fatiguant d'être aussi limpide ! Pourtant, il ne pouvait pas la détromper, c'aurait été un mensonge, or il ne mentait jamais. Ni ne travestissait la vérité. Le pire compromis qu'il puisse faire, c'était de garder le silence, et encore avec beaucoup de mal. Pourtant c'était la seule chose à faire devant les révélations de sa camarade.
Ainsi, elle se plaisait au centre. Elle pensait même qu'il pouvait leur apporter des "bienfaits" (à l'écoute de ce mot, les yeux de l'adolescent s'étaient écarquillés à l'extrême, noyant son visage dans un bleu choqué, et il avait dû pincer les lèvres de toutes ses forces pour la laisser continuer) ce qui le faisait mentalement hurler. En quoi un endroit où l'on enfermait les jeunes pour faire des expérimentations sur leur personne pouvait-il être bénéfique ? Un endroit dont, elle le disait elle-même, le reste du monde ignorait tout, y compris les inévitables dérives ? Si elle était bien traitée -et il était possible que ça soit le cas, malgré ou à cause de son état de faiblesse manifeste- combien de temps cela durerait-il si les lois communes ne s'appliquaient pas ici ? Peut-être ne s'en rendait-elle pas compte, peut-être était-elle trop gentille ou trop naïve -bien que sarcastique- et peut-être que l'expérience précédente d'Arcady, lorsqu'il était sous l'emprise médicalisée de sa grand-mère, l'avait rendu paranoïaque. En tout cas, lui n'était pas tranquille ici.
Si tout était si clair, si les scientifiques voulaient réellement leur bien, pourquoi cet endroit était-il clos ? Qu'on veuille cacher les capacités de ses pensionnaires, encore, mais qu'on dissimule leur existence ? Ils n'auraient eu qu'à inventer un beau mensonge pour garder leurs expériences confidentielles, eux n'étaient sans doute pas à ça près. Nul besoin de les enfermer. Quand aux capacités proprement dites, les siennes ne l'empêchaient pas de dormir. Mais bon, il pouvait comprendre qu'on cherche à en savoir plus, cependant il ne voyait aucune obligation à se constituer prisonnier de la science pour atteindre la connaissance ultime, ou une stupidité du même genre.
_ C'est pas tout à fait ce que j'avais en tête, précisa-t-il néanmoins à son interlocutrice.
En effet, il ne lui avait pas proposé de s'enfuir, puisqu'il doutait fortement qu'elle puisse y arriver. Il ne lui avait même pas réclamé de l'aide pour ses propres projets encore inexistants, ou alors tout justes embryonnaires. Quand il avait parlé de syndicat, et bien c'était effectivement pour, comme le proposait Mina, améliorer leurs conditions de vie. Car lui savait pertinemment que les scientifiques n'étaient pas plus philanthropes -et l'étaient même sans doute moins- que le reste du monde, et qu'ils ne seraient sans doute pas touchés par la grâce avant un petit moment. Quand au directeur du centre, si les pensionnaires obéissaient très bien dans une prison standard, pourquoi se fatiguer à leur construire une cage dorée ? Autrement dit, à eux de réclamer s'ils voulaient plus de chaînes à la télé, ou d'autres priorités de ce genre.
_ Je ne dis pas que je ne souhaite pas plus que tout partir de cet endroit, continua-t-il sur un ton d'excuse, refusant de se parjurer. Mais je pensais à quelque chose de plus pragmatique, parce que je ne traverse pas encore les murs.
Un pouvoir qui lui serait pourtant certainement plus utile que son don de localisation, et également moins frustrant. À quoi savoir où se trouvait les choses servait-il si on ne pouvait pas aller les chercher ? Non, l'enfermement et l'isolemment étaient loin d'être une source de bienfaits pour sa santé mentale. Comme disait Sartre, l'homme est condamné à être libre, et Arcady supportait probablement plus mal que Mina cette fatalité. Pourtant il n'avait pas voulu créer une polémique avec cette histoire de syndicat -pour forcer le personnel à les laisser sortir, les "sujets" auraient besoin de bien plus qu'un syndicat. Il leur faudrait au moins un parti politique, mâtiné d'une bonne guerre civile. Un syndicat, c'est le dialogue, le compromis -la collaboration pour ses détracteurs.
_ Je te proposais pas de faire la révolution, conclut-il. Un syndicat, c'est justement une organisation qui sert à améliorer les conditions de vie et de travail dans un lieu donné. Son rôle n'est pas de détruire ce lieu, si ça peut te rassurer.
Niveau syndicats, il maîtrisait. La faute à l'éducation politique à toute épreuve dont l'avait gratifiée Helen Baltimore, certainement. Sa mère avait toujours été militante, et il avait grandi entre des manifestations et des distributions de tracts. Or, plus il y pensait, plus Mina lui semblait faite pour le poste de déléguée syndicale. Elle parlait bien, elle était calme, et elle ne souhaitait pas quitter C.R.A.P.O. ce qui en faisait une interlocutrice de choix. Les dirigeants du centre seraient sans doute plus enclints à prendre en compte leurs avis s'il était exprimé par une pensionnaire modèle, quelqu'un qui n'avait ni l'intention ni la possibilité de s'échapper. Et mieux valait un syndicat conservateur que pas de syndicat du tout, considérait le démocrate en herbe.
_ La plupart du temps, on ne fait même pas de grève, on conduit juste des négociations. Tu es sûre que tu ne veux pas en faire partie ?
C'était juste la bonne personne, maintenant il en était certain. Il fallait qu'elle dise oui, quitte à tempérer ses propres revendications par la suite. Les yeux pleins d'espoir d'Arcady la fixait, tandis qu'il redoutait sa réponse. Le souvenir de sa mère lui revint, le moment où elle avait dû se résoudre à abandonner les actions politiques parce qu'elle était désormais trop malade, et à ne plus donner que quelques coups de main de cì de là, et il espérait que la maladie de la demoiselle qu'il tentait de recruter ne constitue pas un handicap pour ses projets. Au fond, il en ignorait la nature et la gravité, et il s'en voudrait de l'obliger à mettre sa santé en danger en s'engageant pour les autres. Peut-être qu'elle allait refuser pour cette raison, mais si elle n'arrivait pas à estimer l'énergie que le projet lui demanderait ? La mort dans l'âme, Arcady se résolut à l'avertir avant qu'elle ne lui donne sa réponse.
_ Mais, si tu te sens trop fatiguée, ou trop... euh... malade pour ça, je comprendrai, assura-t-il en détournant le regard.
Au fond, Mina ressemblait trop à sa mère pour qu'il ne se sente pas le devoir de la protéger contre ses propres enthousiasmes. Elle devait avoir deux ou trois ans de plus que lui, et pourtant il commençait à s'en sentir responsable, ou du moins il le serait si elle le suivait dans la création d'un syndicat, comme de n'importe quel autre projet dont il aurait eu l'initiative. C'était bien pour cette raison qu'il la ménageait depuis le début de l'entretien, non ?
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MessageSujet: Re: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeSam 15 Mai - 19:22

On en était donc rendu à parler véritablement de la création d'un syndicat? Depuis le temps que j'espérais trouver un moyen de rassembler les pensionnaires. Au moins, en formant un groupe, même si on ne réussissait pas à améliorer nos conditions, au moins passerions-nous du temps ensemble à parler, rire, et suivre les mêmes rêves. Dans cette prison presque dorée, les rêves n'existent plus. Plus personne n'a vraiment de raison de vivre. À quoi ça sert de vivre lorsqu'on est enfermé et qu'on ne sortira jamais vraiment d'ici? Nous n'avons même pas d'avenir!

La vie ici était somme toute pénible. Même ma petite soeur ne me parlait plus vraiment. Les seules fois où elle vient vraiment me parler, c'est pour que j'aille réparer une de ses erreurs. C'est d'ailleurs ce qui était arrivé, hier, d'où mon état d'aujourd'hui. Enfin, je suppose que c'est dû à ça.

Toujours est-il que, même si je m'embarquais dans la création d'un syndicat, je serai souvent beaucoup plus triste et mélancolique qu'heureuse. Je ne me fais pas d'illusion à ce sujet: la majorité des sujets ne veulent pas passer leur vie ici et presque la totalité cherche un moyen subtil de s'enfuir. Hors le syndicat ne pourra pas leur apporter ça, c'était impossible. Et plusieurs ne le comprendront pas, voyant notre organisation comme un début de rébellion. Mais si tout ça tourne en rébellion... Alors je ne serai pas capable d'abandonner les autres, parce que j'aurai débuté cette affaire, en quelque sorte. Ah, ce que tout ça semblait trop compliqué pour ma pauvre petite personne. Si seulement j'avais ma force et mon énergie d'avant.

Est-ce que je regrette mon pouvoir? Non. Pour rien au monde je crois, je ne m'en débarrasserais. Je regrette seulement les effets secondaires qui viennent avec l'utilisation de mon pouvoir. Enfin, pouvoir... Moi je l'appelle comme ça, même s'il est impossible de prouver que tout ça n'est pas qu'une coïncidence.


-Oh, ne t'en fais pas. La majorité du monde ici sont enfermé contre leur gré et cherche tous à s'échapper, alors il est facile de comprendre que tu fais partie de la majorité. Mais je suis tout de même heureuse que tu ne cherches pas à tout prix à t'échapper, puisque c'est impossible. Et je connais beaucoup de personne ici, et personne n'a de don véritablement efficace pour la fuite, ni pour traverser les murs.

Je n'en voulais pas à ceux qui rêvaient de s'échapper. Il faut bien se trouver une raison de vivre, non? Et existe-t-il une plus belle raison de vivre que d'essayer de s'échapper à tout prix? Non, je ne pouvais pas leur en vouloir, et j'arrivais à les comprendre.

Je fus surprise par sa définition du syndicat. Il avait l'air plus jeune que moi... Mais il était calé en politique! C'était quoi, un petit génie de la politique? Moi-même je ne m'y connaissais pas tant que ça. À part la littérature, je ne suis pas vraiment douée dans aucune matière, alors politique... On oublie ça.


-Ton offre est vraiment alléchante, mais... Tu a bien soulevé la question de mon état. Je ne peux jamais savoir quand j'irai bien et quand j'irai mal. En général, ça dépend de ma soeur, mais on ne peux pas vraiment prévoir quand quelqu'un tombera malade non plus. Donc, je ne peux jamais prévoir à l'avance. Et puis... Si ça tourne en rébellion, je me sentirai forçai d'essayer de désamorcer le conflit, et j'ai peur que ça me prenne trop d'énergie...

Je baissai les yeux vers le sol, réfléchissant. En fait, je réfléchissais à la manière de dire ma décision. Car oui, j'avais déjà fait un choix, et depuis le début, même. Pour dire vrai, ma décision était prise depuis mon entrer en ce lieu. Et puis à quoi ça servait de trouver une jolie phrase bien formulée pour dire quelque chose de si simple, à la fin?

-J'accepte. On le fera, ce syndicat.

Et je lui souris. Mais intérieurement, je sentais déjà que mon sourire était fatigué, voir épuisé totalement.
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MessageSujet: Re: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeMar 18 Mai - 16:21

Comme Mina confirmait ses craintes relatives à son état de santé, la mine de son interlocuteur s'obscurcit, et il baissa le menton pour que ses cheveux viennent cacher sa moue déçue. Pour une fois qu'il tentait de croire que cet endroit pouvait devenir un peu moins détestable, ses élans se trouvaient bridés de la manière la plus ironique qui soit. Alors qu'il disposait d'une remarquable constitution, la maladie avait toujours été un obstacle pour lui. Celle de sa mère d'abord, qui l'avait conduit à des abandons de plus en plus fréquents jusqu'à le rendre orphelin, celle de sa grand-mère ensuite, infectée d'une terrible maladie s'apparentant à la gangrène qu'on nomme bêtise, et désormais celle de son interlocutrice qui risquait d'empêcher sa participation à son futur syndicat. Oh, bien entendu cette participation n'était vitale que pour le syndicat en lui-même -Arcady connaissait trop peu de monde dans ce nouveau lieu pour qu'il puisse espérer trouver facilement un autre délégué syndical potentiel, et il n'était pas certain d'en avoir la motivation s'il essuyait un refus- et s'en abstenir ferait sans doute le plus grand bien à Mina, mais ça restait contrariant. D'autant plus qu'il ne pouvait pas défendre sa cause plus qu'il ne l'avait déjà fait.
Or, l'immobilité ne lui réussissait pas. Il se demandait même comment il avait pu rester aussi calme pendant toute leur conversation -l'enthousiasme verbal ne comptait pas. Son interlocutrice lui avait-elle fait inhaler discrètement du chloroforme ou dégageait-elle une aura incitant à la ménager comme c'était le cas pour certaines personnes très âgées ? Ne connaissant aucun moyen qui lui permette de vérifier cette seconde théorie qui n'impliquerait pas un foyer logement au complet et quelques voltmètres, Arcady se fit la vague recommandation de présenter sa nouvelle connaissance à Enderr un jour où l'autre, et de lui demander quelle couleur il voyait. Et tant qu'il y était, il pourrait tout aussi bien essayer de rallier son camarade de chambre peu locace au syndicat, mais pas au poste de porte-parole. C'était pour ça qu'il fallait Mina.
Elle expliquait que son état était lié à sa soeur, et non aux expériences des scientifiques comme il avait pu le supposer. Ce qui ne rassurait pas pour autant la partie forocement paranoïaque de son esprit qui lui soufflait qu'ils pouvaient tout aussi bien forcer la petite soeur inconnue à contaminer son aînée, pour ce qu'il en savait. Petite voix paranoïaque qu'il s'empressa d'oublier, effaçant dans le même temps son visage morose pour une expression curieuse. Après tout, inutile de s'appesantir sur ce qu'il ne pouvait pas changer -l'enfermement, sa tentative de syndicat avortée- alors qu'il disposait d'autres sujets intéressants à approfondir. Comme...
_ Ah bon, t'as une soeur ? Mais c'est quoi ta maladie exactement ? Un problème immun... Moi je suis fils unique !
Ses phrases s'entrechoquaient à la mesure de sa précipitation, comme s'il craignait qu'on ne lui réponde pas alors qu'il souhaitait seulement occulter une impression dérangeante. Mina fixait le sol, semblant réfléchir même si le garçon ne voyait ce que la situation avait de compliqué. Elle ne pouvait pas, elle ne pouvait pas, voilà tout. Pas de quoi se prendre la tête au fond, il avait été idiot de seulement songer à insister. Et sa concentration se relâchait de plus en plus -il n'avait même pas eu conscience de fournir un effort pour fixer ses pensées avant qu'elle ne se dérobent- rendant son discours incohérent. Enfin, plus incohérent qu'à l'ordinaire, maintenant qu'il avait perdu de sa motivation, prouvant que même Arcady Baltimore ne pouvait s'enthousiasmer seul que pendant un temps limité. Passé celui-ci il commençait à se gratter les cheveux, à secouer le chef, à s'étirer à la manière d'un chat grognon et ankylosé, et classait son idée initiale dans la catégorie des projets avortés.
Tout à son inattention, Arcady ne guettait plus les réponses de sa camarade, aussi lorsqu'elle lui exposa son accord en des termes on-ne-peut-plus clairs, il manqua de tomber de son fauteuil. Se rattrapant de justesse aux accoudoirs, il s'obligea à refermer sa bouche que la surprise avait laissée béante, et cligna plusieurs fois des yeux en dévisageant la jeune fille qui lui faisait face. Elle... elle acceptait ??? Comme ça, sans contrepartie, sans hésiter, alors qu'elle était malade, qu'elle était fatiguée, et qu'elle rêvait sans doute plus de pacifisme que de luttes sociales ? D'un autre côté, sa mère aussi avait été pacifiste, et antimilitariste, et anti-nucléaire, et ça ne l'avait pas empêché de prendre plus que sa part de combats sociaux. Argument rejeté, donc. Mait tout de même, il n'y croyait plus, il s'était fait une raison, et là... C'était comme gâteau d'anniversaire en avance, ou mieux, les cloches de Pâques. Un mélange entre une surprise et un miracle qu'on pense ne pas mériter. Pour la première fois, on venait de lui signifier qu'il pouvait avoir des idées valables, et ça lui paraissait totalement déconcertant. L'adolescent passa une main sur son visage jusqu'à ce que sa moue troublée laisse place à un gigantesque sourire. Parfois, il avait du mal à comprendre les gens, et ça le réjouissait.
_ T'accepte ? T'es sûre ? C'est génial !
Hésitant entre serrer la demoiselle dans ses bras et entamer une danse de la joie, il opta pour la danse de la joie au milieu de la salle de repos, ne voulant pas la blesser par mégarde. Et lui-même gardait quelques ecchymoses dûes à son séjour en camion qu'il souhaitait ménager -lorsqu'il ne les oubliait pas. Dans son agitation, il s'emmêla les pieds et tomba sur le dos en battant des bras. Son hilarité se prolongea un petit moment sur le sol, jusqu'à ce qu'il lève les yeux vers Mina et commence à élaborer un plan de bataille :
_ Et bien maintenant, on n'a plus qu'à recruter des co-syndiqués ! C'est à dire à faire notre pub ! T'as une idée du nom qu'on pourrait prendre ?
Ommettant de se relever -le plancher n'était pas si inconfortable, il pouvait le reconnaître à l'établissement- Arcady livrait une parfaite imitation de sa mère en pleine crise politique. Sauf que sa mère se s'était jamais lancée dans une danse épileptique dans leur salon, bien entendu. Tendant une main, il proposa de lister leurs revendications si Mina voulait bien lui céder une page de son carnet, qu'ils pourraient compléter au fur et à mesure.
_ Enfin si t'as pas envie de le déchirer, pas de problème je pourrais la faire ailleurs. Les nappes sont en papier, non ?
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MessageSujet: Re: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeDim 23 Mai - 15:23

(désolé pour l'attente, je suis au prise avec les shows de fin d'année plus les exams de fin d'année TT Et désolé pour la réponse, elle est vraiment courte-_- je ferai mieux les prochaines fois^^')

Arcady me posa des questions sur ma sœur. Je ne pus m'empêcher de sourire à voir le nombre de question qu'il posait, et que je n'avais même pas le temps de répondre! D'ailleurs, peut-être n'attendait-il même pas de réponse. Ma sœur oui... En quoi était-elle responsable de mon état? Juste y penser et j'avais envie de rire. Lilix... Où était-elle, encore? À la recherche d'un moyen de s'échapper? Elle s'entendrait bien avec Arcady, j'en suis certaine.

Toujours est-il que je n'ai pas eu le temps de lui répondre, que déjà il me demandait si j'acceptais vraiment. Répondre aux questions sur ma Lilix pourrait s'en doute attendre. Répondre à cette question-là... n'était pas nécessaire. Je ne reviens jamais sur mes décisions et d'ailleurs, jamais je ne serais revenue sur celle-là. Même si ça allait sans doute être pénible par moment, je ne voulais pas revenir sur la décision que j'avais prise. Il nous faudra maintenant nous organiser... Peut-être même trouver éventuellement un local pour monter notre quartier général...

Et voilà qu'Arcady se lançait dans une grande danse de la joie. Vraiment, c'était à se tordre de rire. C'était un garçon plutôt étrange. Un moment, on aurait pu lui donner dans les 17 ans, et l'autre d'après, pas plus que 12 ans. C'était vraiment surprenant, oui. Et amusant, surtout. Je n'allais sans doute pas m'ennuyer, avec lui!


-Recruter d'autres personnes ne devraient pas être si difficile, je crois... Mais si on fait directement des pancartes et qu'on les placardes sur les murs, notre tentative de syndicat risque d'être avorté avant même d'avoir véritablement pris forme. On devra sans tenir pour le bouche à oreille, du moins pour le moment. Jusqu'à ce qu'on ait une structure assez solide. Et pour le nom... alors la tu me poses une colle!

Et voilà mon nouveau collègue qui souhaitait déjà faire une liste de nos revendications. Les nappes étaient bien en papier, mais... ce n'était certes pas le mieux. Et s'ils déchiraient leur liste, ou la perdait? Non, mieux valait avoir quelque chose de plus solide. Et je n'allais pas couper une page de mon cahier! Déjà que je pensais manquer de place pour y écrire mon livre...


-Non, ne prends pas la nappe. Et pas touche à mon cahier! J'ai dans ma chambre 3 autres petits cahiers non utilisé... Qui se cherchent une occupation! Si tu veux bien patienter deux petites minutes le temps que j'aille en chercher un, bien sûr. Oh et puis, si tu es trop pressé, tu peux bien faire un brouillon sur une nappe.

Je commençais déjà à ramasser mes choses, dans l'intention d'aller dans ma chambre. Les pilules contre la fièvre que j'avais prises avant de m'installer ici faisaient effet, en plus. Peut-être que j'allais être correct pour le reste de l'après-midi... Sans fièvre, ni étourdissement! Super!
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MessageSujet: Re: Il était une fois...   Il était une fois... I_icon_minitimeSam 29 Mai - 19:37

[HRP : Moi aussi je retarde, malheureusement ^^' Les révisions minimales des exams... et les éditions "blanches" qui fleurissent de manière impromptue]

Un hochement de tête signifia son assentiment aux recommandations de prudence qu'émettait Mina. Lui non plus n'était pas convaincu que leur projet de syndicat suscite l'enthousiasme et le soutien inconditionnel du personnel de l'établissement. À vrai dire, il prévoyait vaguement qu'on les accuser de tentative de soulèvement général, ou quelque chose dans ce genre, et heureusement qu'il y aurait la jeune fille pour répondre à ces accusations de manière certainement plus diplomatique que ne pourrait le faire Arcady. Et cracher à la face sur l'autorité soulageait peut-être, mais n'apportait rien de positif sur le long terme. D'où l'intérêt de faire passer la pilule en douceur, au moyen de revendications réalistes et d'un visage angélique comme pouvait l'être celui de leur nouvelle porte-parole, co-déléguée syndicale, et oh joie ! co-fondatrice. Comme quoi il ne serait pas seul à assumer la paternité de cette idée tordue, dans un endroit tordu, pour des jeunes somme toute assez tordus. Il y avait une comptine anglaise, comme ça, non ?
There was a crooked man, and he walked a crooked mile.
He found a crooked sixpence against a crooked stile.
He bought a crooked cat, which caught a crooked mouse,
And they all lived together in a little crooked house
Devant l'interdiction formelle que Mina lui fit de toucher à son cahier, le garçon leva les deux mains en l'air pour prouver sa bonne foi, tel un enfant pris en faute. L'air penaud qu'il affichait présentait d'ailleurs plus d'une similitude avec celui que sa mère apostrophe alors qu'il s'approche en douce de la tarte aux pommes réservée pour le repas du soir. Sauf que la mère d'Arcady ne l'avait jamais réprimandé pour de tels motifs, et qu'elle ne risquait désormais plus de le faire. D'ailleurs, elle n'avait jamais cuisiné de tartes aux pommes, nul besoin de céder à une crise de nostalgie !
_ On ne mélange pas les torchons et les serviettes, j'ai bien compris, répliqua-t-il en souriant. L'expression était totalement vieillotte et sonnait probablement aussi incongrue aux oreilles de Mina qu'aux siennes, mais elle lui plaisait.
_ Je t'attends ici, alors, ajouta-t-il docilement, car il n'avait aucune envie de visiter le dortoir des filles, supposé aussi déprimant que le sien.
Et il ne voyait pas pourquoi elles auraient eu accès à un escalier dérobé, ou un souterrain secret pour pouvoir sortir d'ici. Le centre n'avait rien de médiéval. Songeant que les miradors avaient désormais remplacé les douves et les meutrières, et regrettant vaguement la bonne vieille époque de l'huile bouillante -historiquement fausse, il faut le préciser- le médiéviste dans l'âme entendit Mina quitter la pièce, après avoir ramassé ses affaires. Peut-être n'aurait-il pas dû menacer son précieux cahier ? Bah, ça ne faisait rien, elle ne lui en tiendrait certainement pas rigueur, du moment qu'il ne passait pas à l'acte. Attrapant le morceau de la nappe en papier imitant de la fausse dentelle qui garnissait une table basse, il tira l'ornement superflu jusqu'à lui, renversant dans le même mouvement la télécommande posée sur la table. L'objet tomba sur le sol avec un bruit mat, et les piles jaillirent de leur emplacement pour s'en aller vicieusement rouler sous les fauteuils.
Réprimant un juron, le garçon hésita à se relever pour rattraper sa brusquerie. Il laissa finalement glisser la nappe sur le plancher, et entreprit de ramper sous les fauteuils en prenant garde de ne pas froisser son nouveau brouillon. Qui penserait qu'il est si ardu de retrouver la trace de deux cylindres de quelques centimètres de hauteur dans un salon ? Pas Arcady, qui mit pourtant cinq bonnes minutes à nettoyer la pièce avec ses coudes et ses genoux, et valida officiellement son diplôme de balais humain avant de réussir à mettre la main sur les piles d'une télécommande qu'il avait infructueusement cherchée quelques temps plus tôt, lorsqu'il hésitait encore à s'affaler devant l'écran. Mais depuis, il s'était trouvé un but, et il n'était donc plus question de comater.
Sauf que... Il n'avait pas de crayon. Non là, franchement, ça craignait. Il était censé être dynamique et efficace, enfin ! Qui voudrait adhérer à leur syndicat s'il se montrait aussi empoté ? Se morigénant mentalement, il prit appui d'une main sur la nappe, et de l'autre sur la télécommande qui avait retrouvé son intégrité physique, pour parvenir à se relever. Le téléviseur s'alluma aussitôt, et il décida sagement de ne pas s'en préoccuper, pour le bon déroulement de sa quête. Il éternua. Trouver un mouchoir pourrait aider, au bon déroulement de sa quête. Pour un centre de recherche, le dessous des sièges ne voyait pas souvent l'aspirateur, non ? Il pourrait y avoir des asmathiques, des allergiques à la poussière, voire même des maniaques de la propreté parmi les sujets, c'était une honte ! Comment ça, il n'était pas concerné ? Avec une hygiène aussi déplorable, pas étonnant que la santé de Mina en pâtisse !
Il tenait sa première revendication, là. C'était un bon début, avant qu'ils n'aient plus d'adhérents et puissent donc les consulter en AG, ça faisait toujours classe de pouvoir proposer en tête de liste "nous voulons une meilleure prise en compte de la santé des sujets, et donc l'amélioration des conditions sanitaires du centre" avec preuve à l'appui. Peut-être devrait-il conserver les vêtements qu'il portait afin de pouvoir en exhiber les moutons sous le nez des scientifiques ? Avec la crise d'éternuements qui s'ensuivrait, il bénéficierait d'une trentaine de secondes d'avance sur la riposte, ce n'était pas négligeable... Ouais, enfin, quand on avait nulle part où fuir, ça ne changeait pas grand-chose, lui rappela sa raison. Autant ne pas tenter immédiatement les happenings, et poursuivre la fouille de la pièce à la recherche d'un crayon oublié et hors de vue -sinon il n'aurait pas même eu besoin de réfléchir pour le retrouver.
La voix de la présentatrice, que le son de la télé rendait criarde, couvrit son exhultation lorsqu'il mit enfin la main sur le Saint-Graal -un vieux stylo à bille mordillé et sans capuchon qu'un étourdi avait abandonné sur le canapé et que d'imprudents derrières avaient dû enfoncer entre les coussins- et le brandit triomphalement. Pour l'en remercier, il n'éteignit pas le poste, se contentant de la rendre muette, et de le retourner contre le mur. Comme ça, elle aurait de l'audience, et ne le perturberait pas; la technique avait fait ses preuves. Retrouvant sa nappre délaissée, Arcady la déchira alors en deux parties, et traça un tableau de propositions sur la première, en appuyant très fort car son stylo était presque à sec. Il y inscrivit le passage sur l'hygiène pour ne pas l'oublier, puis s'intéressa à la seconde moitié de nappe, sur laquelle il travaillait toujours au retour de Mina.
_ Tu aurais un crayon avec un peu plus d'encre, lui demanda-t-il sans lever le nez du plan de l'établissement qu'il était en train de tracer, inconscient du tableau qu'il offrait à sa collègue, à genoux sur le sol, le devant des vêtements poussiéreux, les cheveux en bataille, au milieu de la salle de repos dévastée par ses recherches.
Repoussant le coussin qui gênait son assise aux pieds de la télévision -qui s'adressait toujours muettement au mur, le garçon tendit d'un air absent son tableau de propositions quasi-vide à Mina, pour qu'elle puisse compléter le brouillon si elle y tenait. À vrai dire, il ne la regardait pas, pour ne pas briser sa concentration précaire, aussi agitait-il peut-être sa feuille en direction des deux fauteuils renversés près de la porte, qui limitaient l'accès vers la pièce à un étroit couloir.
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